vendredi 1 avril 2011

Faire un pas essentiel


Comme tout le monde, les images des Égyptiens de tous les horizons qui manifestaient sur la Place Tahrir m’ont captivée. D’Égypte au Yémen, en passant par la Libye, les citoyens, tous âges confondus, ont courageusement pris d’assaut les rues de leur pays au nom de la liberté et de la démocratie. Les Nigériens aussi ont vécu un événement marquant pour la démocratie dans leur pays il y a seulement trois semaines; des élections générales qui, selon la plupart des observateurs, se sont révélées libres et justes. L’armée a laissé savoir qu’elle quitterait le pouvoir d’ici avril et qu’elle remettrait le pays entre les mains du gouvernement civil. Dans son allocution à l’occasion d’un forum sur la sécurité alimentaire le 30 mars à Montréal, Boureima Garba, secrétaire général de l’ONPHDB, partenaire de Carrefour, a déclaré que la démocratie, bien qu’elle ne nourrissait pas encore la population nigérienne, lui permettait néanmoins de faire entendre sa voix et d’influer sur les décisions du gouvernement en matière d’investissement dans l’agriculture durable et d’autres programmes de développement. Des élections libres et démocratiques sont un premier pas vers la sécurité alimentaire au Niger.

Ici au Canada, nous sommes donc à l’aube d’une nouvelle campagne électorale fédérale, et je combats tant bien que mal le cynisme qui m’habite quant à l’état de la démocratie dans notre pays. Lors des dernières élections fédérales, le taux de participation a été le plus faible de toute l'histoire, avec seulement 59 pour cent des électeurs inscrits ayant exercé leur droit de vote. Devant le discours politique actuel qui semble osciller entre mascarade politique et médisance partisane, difficile de croire que les choses vont changer. Je refuse toutefois de croire qu’elles ne peuvent qu’empirer. Des citoyens du monde entier ont risqué leur vie pour faire valoir leur droit à des élections libres et démocratiques, du Zimbabwe au Niger, dans toute l’Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre de tenir notre démocratie pour acquise.  

Certains diront que la démocratie est la raison d’être même des présentes élections, tant pour le respect des institutions démocratiques que pour la responsabilité gouvernementale. Pour d’autres, c’est l’économie. En fait, les enjeux électoraux sont nombreux : chômage, soins de santé, vieillissement de la population et rôle du Canada dans le monde. Peu importe notre position sur ces enjeux, si seulement 59 pour cent d’entre nous prennent le temps d’aller voter, quel message envoyons-nous aux décideurs? Si nous voulons que les choses bougent, nous aurions à mon avis avantage, à l’instar de nos homologues d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, à agir. Manifestez-vous. Votez. Et encouragez vos amis, vos collègues et les membres de votre famille à le faire. Contrairement aux citoyens d’Afrique et du Moyen-Orient, nous ne risquerons pas notre vie en allant voter, mais en n’y allant pas, nous risquons de tout perdre.