mardi 29 septembre 2009

La cause du siècle



Si le monde investissait dans les femmes et les filles, les femmes et les filles s'occuperaient en retour de la planète. Ces mots ne sont pas les miens, mais ceux de l'activiste américaine Jane Roberts. La relation entre les droits fondamentaux des femmes, l'égalité entre les hommes et les femmes et le développement économique et social est reconnue et décomuentée.

À Carrefour, nous en sommes quotidiennement les témoins privilégiés, que l’on prenne l’exemple de femmes de l'Afrique de l'Ouest sorties de l'économie de subsistance grâce à des coopératives produisant du beurre de karité, du savon ou du tissu,  ou celui  des membres des banques communales appuyées par CCI ou des femmes comme Martha Ali peuvent maintenant annoncer : « Mes enfants vont à l'école grâce à mes revenus. » Certes les prêts sont modestes, mais ils ont un impact considérable dans la vie de ces femmes et de leur famille.

Il y a tout juste cinq ans, Carrefour canadien international prenait la décision de consacrer une partie de ses ressources à la promotion des droits des femmes. Il nous était apparu évident que l'autonomisation des femmes était le dénominateur commun à l’ensemble de nos objectifs, qui couvre aussi bien le développement des économies locales, la réduction de la pauvreté ou la lutte contre le sida.

Aujourd'hui, après des années de réflexion et d'action pour l'égalité entre les hommes et les femmes, certaines personnes n'hésitent pas à faire de la lutte pour les droits des femmes et des filles, la cause de notre siècle.

Le 14 septembre dernier, les Nations unies ont voté une résolution visant à créer une agence onusienne importante dont la seule mission sera de promouvoir les droits des femmes et des filles. La semaine suivante, Plan international publiait un rapport démontrant de façon convaincante que l'investissement dans les programmes destinés aux filles brisera le cycle de la pauvreté intergénérationnelle et que l'absence d'un tel investissement ferait perdre aux pays les plus défavorisés plusieurs milliards en croissance économique.

Cependant, les subventions envers les organisations de services aux femmes n'ont fait que décroitre, tout au long de la dernière décennie, aussi bien quantitativement que qualitativement. L'Association pour les droits de la femme et le développement (AWID), qui observe et analyse le flux des subventions destinées aux droits des femmes, attribue cette tendance mondiale à l'intégration de la dimension de genre dans les activités qui a entrainé la dilution des objectifs propres à l'égalité des femmes au profit d'objectifs de développement plus généraux
.

Le Canada ne fait pas exception à cette règle, et il semble éventent aujourd'hui, qu'en dépit des lignes directrices si droites de notre politique, l'Agence canadienne de développement international (ACDI) et de nombreuses organisations internationales de la société civile canadienne ont lentement perdu leur intérêt pour les programmes portant sur l'égalité entre les sexes au cours de la dernière décennie. Un certain nombre d’organisations, dont Carrefour canadien international, a analysé la récente autoévaluation de l'ACDI relative aux résultats de sa politique sur l'égalité entre les sexes entre 1998 et 2005 dans un rapport intitulé
« 
Consolider le leadership international du Canada en matière de promotion de l’égalité entre les sexes ». Bien que les organisations furent franchement impressionnées par la rigueur de l'évaluation, d’ailleurs l'ensemble des OSC a soutenu sans réserve la politique, il est clair que l'augmentation des investissements dans des programmes portant spécifiquement sur l'égalité entre les sexes tout comme un nouvel élan politique sont nécessaires.

Et le moment ne saurait être plus opportun. Au niveau international, une nouvelle dynamique prend de l'ampleur. Le gouvernement néerlandais a créé, en 2008, le Fonds OMD3 en partie à compenser la baisse dramatique des subventions accordées aux programmes destinés aux femmes. Au même moment, la fondation NIKE lançait la fameuse campagne « 
girl effect » accompagnée d’une enveloppe de 100 millions de dollars à destination des programmes pour les filles. Cette année, l'Espagne a donné le ton en allouant 65 millions de dollars au Fonds d'UNIFEM pour l'égalité. Et la semaine dernière, la Canadienne, Belinda Stronach, a annoncé que la Belinda Stronach Foundation, en collaboration avec Clinton Global Initiative, réunira les plus grands organismes nationaux et internationaux dans le but d’attirer l’attention du G8 sur la question des femmes et des filles.

L’argumentaire est solide. Selon la Banque mondiale, lorsque le nombre de filles accédant à l'école secondaire augmente de 10 %, l'économie nationale d'un pays augmente de 3 %. De même, une femme percevant un salaire en réinvestit 90 % pour le bienêtre de sa famille.

Pour résumer, c'est un train qui vaut la peine d'être pris en marche. Déjà, de nombreuses organisations internationales et canadiennes réorientent leurs ressources au bénéfice des programmes à destination des filles et des femmes.   Le gouvernement canadien devrait en faire de même.   Et la tenue du G20 et du G8 en juin 2010 au Canada est une occasion inespérée pour que notre pays reprenne sa place de leadeur et montre le chemin à suivre sur la question des droits fondamentaux. La vie de 500 millions de filles et de jeunes femmes en dépend.

Découvrez comment votre appui financier envers les projets sur les droits des femmes de Carrefour canadien international peur faire une réelle différence.