mercredi 1 décembre 2010

De bonnes raisons de donner


Samedi dernier, mon journal débordait de brochures et de suppléments du temps des Fêtes. La foule de produits offerts m’a renversée : des idées-cadeaux pour mes sœurs, mes nièces, ma douce moitié, ma tante et mon chat! Le seul problème, c’est que mes proches n’ont en somme besoin d'aucuns de ces produits et, bien que mes nièces prétendront au contraire avoir bien des besoins, elles sont à l’âge où je ne me risquerais pas à choisir pour elles ne serait-ce qu’une épingle à cheveux. Les appareils de cuisine d’un rouge éclatant étaient bien sûr très alléchants, mais aucun d’entre nous n’a l’espace nécessaire pour les loger dans sa cuisine. Quant au chat, eh bien…

Que faire, donc, pour célébrer le temps des Fêtes cette année? Céder à la folie des Fêtes ou y renoncer? Pour ma part, j’opterai pour un heureux mélange des deux.

Cette année, je suis les traces de Lawrence Hill. Le triple Carrefouriste et auteur de renom (The Book of Negroes) a amorcé ses achats des Fêtes en redonnant à Carrefour. C’est ce que j’ai fait moi aussi. Cette année, et en guise de nouvelle tradition des Fêtes, faites-vous le plaisir de donner en offrant un cadeau qui redonne de Carrefour.

J’ai beaucoup appris sur l’importance de donner auprès de Carrefour. 

Les volontaires de Carrefour parlent rarement de ce à quoi ils ont dû renoncer en partant outre-mer. Ils parlent plutôt de ce qu’ils y ont reçu, soit une nouvelle perception de leur place dans le monde, ainsi que des compétences et des apprentissages qui ont transformé leur vie.

Nul doute que le don que font les Carrefouristes les enrichit, mais il enrichit aussi chacun d’entre nous en nous faisant mieux comprendre les disparités entre le Nord et le Sud et en les réduisant.  

Mais à quoi les Carrefouristes renoncent-ils donc? La plupart des volontaires subissent initialement un choc au contact avec le milieu du travail dans le monde en développement. Comment créer une base de données, alors qu’il n’y a de l’électricité que quelques heures par jour? Créer un site Web avec un accès à Internet par ligne commutée? À qui dois-je demander l’autorisation pour offrir cet atelier? Les Carrefouristes apprennent vite à ralentir leur tempo, à demander conseil, à bien écouter et à développer leur créativité pour compenser les inégalités et la pénurie de ressources. Et la plupart, avec l’aide de leur famille hôte et de leurs collègues, découvre la richesse de la vie communautaire où les relations interpersonnelles ont priorité.

Les Carrefouristes ne savent pas d’emblée comment apporter leur aide. De nombreux Canadiens partagent le même sentiment. En 2007, six pour cent seulement des dons consentis par les Canadiens sont allés à une cause de développement international*. Comme en témoignent les centaines de millions de dollars récoltés pour les victimes du tsunami en Asie du Sud-Est et celles du tremblement de terre en Haïti, ce n’est pas par manque de compassion. Mais le développement et les stratégies à long terme nécessaires pour éliminer les causes profondes de la pauvreté extrême sont souvent trop nuancées pour faire l’objet d’un appel d’aide. D’où la prolifération d’idées-cadeaux à l’effigie de chèvres et d’enfants dans le besoin. Comment peut-on avoir la certitude que ces dons vont réellement faire une différence dans la vie des gens qui vivent à l’autre extrémité du globe? 

C’est pourquoi Carrefour travaille avec des partenaires locaux pour créer des projets conjoints qui répondent à leurs objectifs. Nous ne mettons en place ni bureaux ni projets indépendants outre-mer. Nous investissons plutôt dans les gens et les organisations qui stimulent le changement dans leurs propres collectivités. 

Pour en revenir à la folie des Fêtes, je suis heureuse qu’au moins une fois par année, on nous rappelle que nous sommes ici pour autre chose que pour nous-mêmes. Cette année, durant le temps des Fêtes, je consacrerai du temps à mes amis et à ma famille et j’honorerai ceux qui m’ont inspirée à l’autre bout du monde.